La psychanalyse est-elle utile?
- aubenetraore
- 10 août
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Dernière mise à jour : il y a 7 jours
Aubène Traoré
Deuil La Barre, le 9 Août 2025
La question de l'utilité de la psychanalyse reste un sujet d'actualité et heureusement. Parmi ses contestataires, voire ses aspirants détraqueurs, je repère deux positions différentes: celle de ceux qui n'ont jamais embarqué sur le bateau psychanalyse et celle de ceux qui affrontent régulièrement leurs tempêtes psychiques lors de leur navigation sur leur Océan Inconscient. Dans ces deux positions, la question se pose : la psychanalyse est-elle utile? En jugeant pour les uns, en critiquant pour les autres, en réfutant , voire en déniant les effets de la psychanalyse, je relève que ces deux positions se nourrissent d'un même état de manque que j'associe à l' «ignorance» . Le rapport à son ignorance n'est pas le même selon la position occupée.

Quel avis donner à la psychanalyse?
La première position est celle du mateur qui ne connait de la psychanalyse que sa théorisation, juge la technique comme on juge un comportement, dit chercher à en comprendre les rouages mais sans jamais s'y frotter, ou si peu. Savoir pour dire savoir. le mateur donne son avis ou son opinion, sans connaitre, sans engagement personnel.
La deuxième position est celle du patient ou du psychanalysant, désirant savoir et grandir, quitte à en être bousculé. Ce dernier, affronte régulièrement et courageusement, séance après séance, les vicissitudes de sa vie inconsciente, en vit les effets personnels et en observe les effets secondaires. Lui, souvent dénie, parfois critique la méthode, et peut aller jusqu'à s'insurger, mais il s'accroche à son fauteuil, à son divan, et continue sa cure : le transfert fait son oeuvre! En osant dire à voix hautes ses associations de pensées, sur son divan, le psychanalysant accepte de puiser dans son ignorance pour accéder à son savoir. En poursuivant sa psychanalyse, l'être ne renonce ni ne cède à son désir de changement, de savoir et d'exister. C'est à la sortie de sa psychothérapie ou de sa psychanalyse qu'il pourrait prétendre à répondre à cette question « la psychanalyse est-elle utile? ». Pour autant, ce n'est pas en ces termes qu'il en parle...

La psychanalyse : un vécu avant d'être une théorie
Pour ne pas laisser penser que parler de psychanalyse revient seulement à évoquer des idées bien pensées, j'aimerais revenir sur ma formulation de « théorisation de la psychanalyse ».
Chaque jour, viennent à ma consultation des hommes, des femmes et des enfants qui ont à cœur d'aller mieux dans leur vie et dans leurs relations aux autres. Leur expérience de la parole libre, de la levée du refoulement, de l'assouplissement des résistances, de l'apaisement psychique de leur souffrance, les mène à construire des réaménagements et des solutions dans leur vie de tous les jours. Chacun de ces vécus concourt à la création d'une psychanalyse : la leur. Eux seuls seraient habilités à qualifier la psychanalyse d'utile ou non, pour eux. Pour autant, je remarque que ce sont ceux-là même, engagés pleinement dans leur cure, qui qualifient leur psychanalyse non pas par son utilité mais par les effets qu'elle produit dans leur vie. Je citerais là les propos d'un psychanalysant d'une quarantaine d'année, ému aux larmes : « je réalise que c'est grâce à ma psychanalyse que je me suis rendu compte que depuis des années j'étais maltraité, par les autres et surtout par moi. Tant que j'en n'avais pas conscience, j'ai continué à mettre ma vie en danger. Le réaliser c'est commencer à m'aimer.»
La théorisation de la psychanalyse elle naît de là: de ce que chaque patient a pu créer lors de ses séances. Les résultats, il les observe de lui-même et pour lui-même. À partir de là, la théorie est, avant tout, une transcription de ces observations, mettant au travail les interventions du clinicien et toujours en faveur de l'affinement de la technique.
La psychanalyse est-elle utile? Ouvrons la question...
La question de savoir si la psychanalyse est utile doit être traitée: notamment sur le plan politique, mais aussi sur le plan économique. Pour cela, j'invite le lecteur à découvrir les brèves suivantes :
La clinique, autrement dit, ce qui se dit et s'écoute au chevet du malade, du patient ou du psychanalysant, parle des effets de chaque psychothérapie ou de chaque psychanalyse. Encore faut-il savoir ce qu'on appelle psychanalyse.
En guise d'ouverture, je propose trois autres questions :
Qu'est-ce qu'une psychanalyse?
Quels sont les effets d'une psychanalyse?
La psychanalyse peut-elle rendre heureux?
Références
1 - Freud, S., Œuvres complètes de Freud, Vol. X, (1909-1910), Puf, 1993, p.7.
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