Traiter un épisode maniaque en psychanalyse?
- aubenetraore
- 28 oct.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
Est-il possible de traiter un épisode maniaque par la parole? N'est-il pas préférable d'envisager une hospitalisation et la prescription d'un traitement médicamenteux ?Un psychologue est-il formé pour traiter un épisode maniaque en psychanalyse?
Lors d'un épisode maniaque, l'expansion du Moi pousse l'être à une humeur exubérante et le nourrit d'un sentiment de toute-puissance. Ainsi, désinhibés par ce Moi gonflé à l'imaginaire, les femmes et les hommes traversant un épisode maniaque, souvent, ne se reconnaissent pas comme souffrant. Certains symptômes comme l’hypermnésie, et la fulgurance des idées, galvanisent l'être. Mais, sous l'égide de la résistance du surmoi qui oeuvre pour la jouissance, les passages à l'acte mégalomaniaques sont délétères , voire dangereux : ils entraînent l'individu dans des actes destructeurs et mortifères.
Qu'est-ce qu'un épisode maniaque ?

Le terme d'épisode indique qu'il s'agit là d'un état circonscrit dans le temps. Mais cela ne définit pas pour autant sa rythmicité ou son intensité. Aussi, la clinique montre que cette période peut survenir de façon brutale, progressive, répétée ou unique. Certaines personnes peuvent effectivement ne vivre qu'un seul épisode maniaque dans leur vie. Tandis que d'autres y sont régulièrement confrontées, en alternance avec une période hypomaniaque ou dépressive.
Quelles que soient les caractéristiques de l'épisode, la personne en a rarement conscience, et ne peut, contrairement aux apparences et aux idées reçues, sciemment en maîtriser le commencement ou la fin.
Quant au qualificatif « maniaque », comme beaucoup de termes signifiants, il a été repris par le langage populaire en stigmatisant et en minimisant sa manifestation, créant par conséquent un amalgame.
Lors d’un épisode maniaque, le qualificatif maniaque ne désigne pas le goût excessif ou dit maladif pour le ménage. La compulsion à laver et à ranger, relève d'un trouble obsessionnel compulsif (TOC) tout à fait distinct d'un épisode maniaque qui, lui, se manifeste par des signes cliniques touchant différentes sphères de l'individu.
LIEU D'EXPRESSION | SIGNES |
La pensée | Accélérée, fuyante, déconcentrée, ambitieuse, mégalomaniaque (invincibilité, statut d'élu, idées de grandeur). |
Le langage | Logorrhéique, locution accélérée et voix élevée. |
Les relations avec autrui | Surrinvesties socialement professionnellement, sexuellement, tout en ne tenant pas compte de la présence de l'autre. |
Le comportement | Impulsif, ambitieux et à risque ( achats compulsifs, rapports sexuels non protégés, investissements à perte). |
Les sens | |
L'humeur | Irritabilité, voire agressivité, refus d'une aide. |
Selon l'histoire de la personne constitutive de sa vie psychique, l'épisode maniaque peut être :
Réactionnel à un choc psychologique, un évènement traumatique.
Associé à la symptomatologie de la bipolarité.
La conséquence d'une prise de substances psychoactives.
Une rupture psychotique de l'équilibre psychique.
L'écoute psychanalytique lors d'un épisode maniaque
En sortant de l'université diplômée, comme beaucoup de psychologues dit cliniciens je n'avais pas appris à positionner mes interventions selon la structure du patient. Je ne savais pas non plus formuler des relances pour examiner le discours de l'être qui parle. « Nourrir le transfert » restait une théorie où le risque de tomber dans la séduction n'avait pas été abordé en formation. Lorsque j'ai commencé à recevoir des patients en libéral, mon superviseur de l'époque m'indicait d'orienter systématiquement un patient, sans plus le suivre, vers la psychiatrie, l'hospitalisation d'urgence ou au moins un psychiatre dès lors que des signes de délires apparaissaient dans le discours. Il précisait qu'il y a des symptômes qui ne sont pas traitables en psychothérapie et encore moins en psychanalyse, comme l'épisode maniaque. Je suis d'accord avec lui : sans une formation solide, où un clinicien apprend à accueillir, dire, examiner, intervenir, sans nullement séduire ou se laisser emporter par son Moi qui s'illusionne de savoir pour le patient, continuer de recevoir ces patients est un risque pour eux.

Par contre, je ne me suis pas contentée de cette réponse.
La psychanalyse n'a pas à discriminer les personnes qui pourraient y avoir accès, selon le niveau d'incompétence du clinicien.
Traiter soi-même ses souffrances et se former rigoureusement
Par la suite j'avais été accompagnée par une autre superviseuse, non analyste, mais dans une pratique psychodynamique. Nos chemins se sont séparés le jour où elle m'a expliqué que son agacement lors de la dernière supervision était dû au fait que ce que je lui avais exposé comme question clinique « l'avait renvoyée à sa propre histoire familiale ».
Ayant travaillé en institution pendant plus de 15 ans, ce n'était pas la première fois que j'entendais ces propos. Cette praticienne avait au moins le mérite de le reconnaitre.
A l'époque, j'en étais déjà convaincue, elle venait de me le confirmer : un clinicien ayant la responsabilité du traitement psychique d'un autre que lui, doit continuer de traiter lui-même ce qui le fait souffrir dans sa propre cure, tant qu'il est en exercice.
Après plusieurs années de bricolage pour me former à la psychanalyse, mon désir m'a mené jusqu'aux portes du RPH - École du Réseau pour la Psychanalyse à l’Hopital.
Le RPH est une association et une école qui dispense une formation particulièrement exigente et rigoureuse à la pratique psychanalytique. En effet, l'utilisation de techniques d'entretien propres aux enseignements dispensés, nécessitent que le clinicien soi lui-même engagé dans une cure pour protéger la pensée du patient.
Ainsi, l'accueil téléphonique d'urgence 24h/24, 7j/7 ( le Setu ? ), « la technique de l'écarteur », ou l'offre de castration, font parti des multiples outils cliniques des psychothérapeutes et des psychanalystes se formant dans cette école.
Le maniement de ces outils permet plus spécifiquement aux cliniciens de l'école de recevoir et traiter l'urgence de la détresse psychique, comme celle qui est vécue lors d' un épisode maniaque.
L'écoute psychanalytique lors d'un épisode maniaque
La pratique de la psychanalyse s'est construite au chevet des patients, par une observation clinique rigoureuse de leurs symptômes et une écoute attentive de leur parole singulière et signifiante. En psychothérapie ou en psychanalyse avec un clinicien formé à l'écoute psychanalytique, les patients traversant un épisode maniaque associent librement leurs actes, leurs sensations corporelles aux pensées qui leur viennent spontanément. Leur parole offre ainsi à leurs symptômes une voie d’expression symbolisée.
À chaque séance, les interventions du clinicien soutiennent les efforts de l'être qui appelle à l'aide. L'association libre des pensées permet d'accéder à des souvenirs dont les réminiscences émotionnelles font souffrir.
Au fil des séances, en parlant son vécu personnel de traumas, de chocs, d'agressions, de maltraitances, même ordinaires, en les associant librement à ses pensées honteuses, haineuses, aimantes, érotiques, mais aussi son corps douloureux, excité, surinvesti , ou délaissé, en les retrouvant dans des rêves et des cauchemards, le patient ou le psychanalysant offre à sa dynamique pulsionnelle une voie de circulation constructive. Le Moi et ses organisations intramoïques, dégonflé d'un imaginaire qui fait souffrir et empêche d'investir le présent, autorise le sujet à oeuvrer pour la construction d'une existence saine et apaisée.
La psychothérapie et la psychanalyse sont-ils des traitements compatibles avec l'hospitalisation et la prise de médicaments ?

Intégrée au traitement globale de la personne en souffrance , la psychothérapie ou la psychanalyse, travaille en partenariat avec les approches médicales. L'être humain n'est pas un légo. Il ne doit plus être considéré comme un assemblage de sphères qui ne communiquent pas : l'organisme d'un côté, le psychisme de l'autre. Non. L'humain ne réagit pas, ne ressent pas, uniquement du fait de ses connexions synaptiques et du flux neuronales qui y circulent. Non, la psyché n'est pas un sujet de croyance qui selon le niveau de superstition aurait plus ou moins un impact sur le corps. Nous sommes en 2025, le nombre de patients et de psychanalysants qui soignent leur souffrance psychique, organique et corporelle par la parole, témoignent par leur clinique de l'interdépendance corps-psyché et des effets d'une parole dite, vraie et écoutée sur le corps.
De fait, les troubles qualifiés de psychiatriques, comme l'épisode maniaque, lorsqu’ils sont traités en psychothérapie et en psychanalyse, d'autant plus avec un partenariat solide tissé avec l'équipe médicale responsable de la prescription des médicaments :
favorise l'observance des prescriptions médicales.
dilue les pensées suicidaires.
réduit les effets secondaires des psychothropes.
étaye le désir du patient de ne plus souffrir.
favorise l'assiduité du patient à ses rendez-vous médicaux.
diminue les risques de rechute.
produit des effets d'apaisement stable permettant la diminution du traitement
Cette liste n'est pas exhaustive.
Rencontrer Aubène Traoré : une psychologue clinicienne formée à la technique psychanalytique

Dès les premiers signes d'un épisode maniaque, il est donc possible de consulter un psychologue clinicien formé rigoureusement à la psychanalyse.
Dans ma consultation, je reçois des patients hospitalisés suite à un épisode maniaque, ou pour qui le diagnostic de bipolarité - terme actuel pour parler de psychose-maniacodépressive - a été posé par un psychiatre. Je reçois également toute personne qui reconnait, pour elle-même, ou pour un autre, des signes lui faisant penser à un épisode maniaque déjà vécu, ou en phase de l'être.
Souhaitez-vous que je vous reçoive pour traiter un épisode maniaque en psychanalyse?
Pour une urgence, quel que soit le jour, quelle que soit l'heure, vous pouvez me joindre au 06.58.74.10.39.
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