Trouver un psychologue gratuit
- aubenetraore
- 8 oct. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 mai
Que ce soit pour un salarié qui gagne bien sa vie, ou une personne en situation précaire, un traitement par la psychothérapie ou par la psychanalyse a un coût, mais doit rester possible.
Alors, l'argent, parlons-en.
En libéral, les tarifs de certaines consultations sont inenvisageables pour une partie de la population: 50€, 70€, 100€, voir même 150€ dans certains cabinets. Même avec un salaire moyen, c'est un tarif qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. Alors comment traiter sa souffrance en psychothérapie ou en psychanalyse lorsqu'on n'a pas les moyens ? Est-il possible de suivre une psychothérapie ou une psychanalyse quand on est au chômage, en période d'études, en arrêt longue maladie avec perte de salaire, ou même en étant travailleur sans revenus fixes ? La première réponse qui vient à l'esprit est de trouver un psychologue gratuit.
Comment trouver un psychologue gratuit à Paris ou en banlieue?
Dans les lieux de consultation public comme les CMP ( Centres Médico Psychologique) ou les CMPP ( Centres Médico-Psycho-Pédagogique ), les patients ne payent pas leur séance à la fin de la consultation. Dans le privé, auprès de certains praticiens psychiatres ou psychologues, le paiement peut se faire contre remboursement auprès de la mutuelle ou de la sécurité sociale.
Est-ce pour autant que c'est gratuit? NON, absolument pas et loin de là! Les payes des salariés du secteur public ou d'une association, le matériel, l'entretien des locaux, la consommation énergétique, et de tout le fonctionnement admnistratif se paient. La gratuité a un coût.
Le Moi des instances psychiques l'interprète comme un signe d'amour (« Merci c'est gentil »), ou le rationnalise comme un dû ( « c'est mon droit »). Mais, la psyché de la personne qui s'engage dans un soin doit compter avec l' Être. Malgré la voix du Moi s'insurgeant « qu'il en va de ses droits de profiter de la gratuité ou de se faire rembourser » l'Être cherche à s'acquitter de sa dette inconsciente, une dette non conflictualisée, qu'il paye jusque là par des actes qui le desservent, des symptômes corporels, des maladies, des accidents, de la maltraitance envers lui-même.
En 1920, au sein de la première policlinique de psychanalyse créée par Sigmund Freud, Max Eitington et Karl Abraham, la question du règlement des séances se discute déjà entre le clinicien et le patient. La souffrance n'épargnant pas les gens pauvres, et les cliniciens ne renoncant pas à leur désir de recevoir tout être en souffrance sans discrimination, les analystes de l'époque envisagent d'accorder gratuitement l'accès aux traitements psychiques pour les personnes les plus démunies. Freud observe alors les effets cliniques de ces séances gratuites :
" Tout au contraire, les résistances du patient avaient été augmentées par la gratuité. Les femmes l’interprétèrent comme un signe d’amour, les hommes s’embourbèrent dans la dette obligée à la figure paternelle. Le paiement de la séance était donc présenté par Freud comme une valeur susceptible de corriger certains effets transférentiels. Selon ce raisonnement, la gratuité serait un facteur plutôt nuisible à la conclusion du traitement en ce qu’elle accentuerait la déréalisation de la situation analytique." *
À l'insu de l'Être, les organisations intramoïques réagissent à la dette : en évitant de payer de sa poche, l' économie manifeste pour l'Être, entraîne un (sur)coût psychique latent, qui inconsciemment se paye, comme la clinique le montre, par des symptômes corporels et psychiques, des actes manqués auto-agressifs, ou par une aliénation à son créancier.
Est-ce alors une bonne chose pour le Moi de trouver un psychologue gratuit?

Lorsque je travaillais en Centre Médico psychologique, probablement en lien avec une gratuité imposée, nombreux furent les patients qui cherchaient d'une manière ou d'une autre à effacer ou à s'acquitter d'une dette revenue à leur conscience par le tuilage de leurs associations de pensées. Payer les consultations pouvaient prendre forme symbolique pour celles et ceux qui étaient en mesure d'acheter quelque chose, ou de se séparer d'un objet de valeur. Pour d'autres, je constatais des absences pour maladie, ou accidents après des séances marquant une avancée, ou avant un départ en vacances bien méritées.
Depuis que je travaille en cabinet libéral, j'ai à l'esprit d'ouvrir ma consultation à toutes personnes en souffrance, quelque soit ses ressources. J'ai donc commencé, de ma propre initiative à accepter que des patients en difficultés financières, ou ayant de faibles revenus puissent eux aussi mettre leurs moyens au service de leur désir de ne plus souffrir. Les étudiants, chômeurs, ou autres personnes en situation précaires règlent à hauteur de leurs moyens.
Ainsi, il y a quelques années, j'ai découvert et rejoint le Réseau pour la Psychanalyse à l'Hôpital, réunissant des psychothérapeutes et des psychanalystes exerçant avec cette même éthique clinique.
À présent à Deuil-la-barre, dans le cadre de Consultations Publiques de Psychanalyse,
j'ai fait le choix de consacrer une partie de ma consultation à la CPP du Crochet, en recevant toutes personnes en souffrance qui souhaite trouver un psychologue gratuit.
Régler à hauteur de ses moyens signe la possibilité d'engager pleinement son désir dans sa psychothérapie ou sa psychanalyse.
Pour prendre rendez-vous, composez le 06.58.74.10.39. ou consultez Doctolib.
Références
*Sokolowsky, L. (2010). Le premier centre de consultation psychanalytique. La Cause freudienne, 76(3), 177-188. https://doi.org/10.3917/lcdd.076.0177.